Introduction au problème traité dans ce site
La thèse exposée ici constitue une prévision sur le devenir du développement durable. Comme toute prévision, elle comporte une certaine incertitude. Toutefois, tant que d’autres travaux n’infirmeront pas la sombre prévision présentée ici, il serait sage de la prendre très au sérieux. D’ailleurs, quelle que soit la probabilité de cette prévision, l’importance du sujet ne nous permet pas de détourner notre regard juste parce qu’il dérange nos projets immédiats ou que nous devrions obligatoirement montrer une attitude béatement positive. Nous ne pouvons pas non plus rejeter en bloc cette thèse sous le prétexte qu’il est vain de faire des prévisions à long terme, tant que l’on peut compter sur l’inventivité du « génie humain. Nous avons tous un devoir moral de nous intéresser à l’avenir de milliards de nos descendants, d’autant plus si cet avenir devait être sombre.
S’il existe un consensus que peu de gens osent remettre en question, c’est bien celui du développement durable. C’est un concept qui ne se discute plus. Il fédère aussi bien les États, les populations, les politiciens, les écologistes, les économistes, les industriels que les scientifiques. De nos jours toute action humaine est politiquement et économiquement correcte que si elle s’inscrit dans le cadre du développement durable. En cliquant sur historique du développement durable le lecteur trouvera un résumé de l’origine de ce concept.
Le développement durable est officiellement défini comme suit:
Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs besoins.
Mais est-ce là un vœu pieux, une promesse de chenille qui n’engageant pas le papillon ou une tentative pour sauver un système socio-économique mondial en difficulté croissante?
Certes, la première partie de la définition du développement durable est correcte. C’est ce concept qui permet à l’industrie et à l’économie de se renouveler en mettant sur le marché tout une série de techniques vertueuses censées « sauver la planète ». En ce sens, le développement durable répond bien aux besoins du présent. Par contre, la deuxième partie de sa définition, qui ne précise pas combien de générations seront concernées, est une utopie irréalisable. Pourquoi ?
Parce que l’ensemble des sociétés civilisées, maintenant mondialisées, forme un système complexe assimilable à celui d’un système complexe biologique. Tout système complexe de ce type à besoin d’un flux d’énergie et de matière pour croître, fonctionner, réparer ou remplacer ce que le temps a endommagé. Plus les flux d’énergie et de matière à disposition sont élevés, plus le niveau de complexité du système s’accroît rapidement, mais plus il lui faut parallèlement un flux croissant d’énergie et de matière pour le faire fonctionner et réparer les dégâts du temps. Ainsi, le minimum requis pour qu’un système complexe soit durable est que ces deux derniers flux puissent être garantis « ad æternam ». Nous démontrerons que cette probabilité est faible et que ces flux deviendront insuffisants déjà dans la deuxième partie de ce siècle. Parce qu'un système complexe est de par sa nature irréversible, il ne peut pas ajuster son niveau de complexité à des flux d’énergie et de matière qui décroissent rapidement et durablement. Il ne peut que s’effondrer.
Si toutefois le génie humain était capable de relever ce défi, le problème de la pérennité du développement durable ne serait pas garanti pour autant. En effet, comme il sera expliqué dans le dixième exposé, c’est l’ensemble des activités humaines soutenues par les énergies exogènes, toutes sources confondues, qui déplace l’équilibre de la biosphère. Il faut se rappeler que l’augmentation de la complexité de la civilisation mondialisée se fait aux dépens de celle de la biosphère sans laquelle notre civilisation ne peut se développer. Voir explication ici. L’augmentation de la complexité de notre civilisation entraîne un déplacement de l’équilibre de la biosphère. A un certain moment, peut-être pas si lointain, ce déséquilibre pourrait rendre notre biosphère incompatible avec le fonctionnement de notre civilisation. Ainsi, quoi que l’on fasse maintenant, notre civilisation serait vouée à s’effondrer dans un avenir assez proche.
Si les prévisions faites dans ce site devaient se vérifier, alors nous devrions nous attendre à un ralentissement progressif du développement mondial dans les prochaines décennies. Ce ralentissement aboutira à terme à une décroissance rapide de la production mondiale, une diminution de l’État-Providence, en particulier de la protection sociale et sanitaire, diminution qui pourrait bien déboucher sur une forte chute démographique. En clair, cela signifie l’effondrement de tout le système socio-économique de notre civilisation avec toutes ses conséquences dramatiques.
Le processus d’effondrement, qui pourrait durer plus d’un siècle, ne se fera pas simultanément dans le monde avec la même vitesse, ni avec le même degré de souffrance, mais pourrait devenir de plus en plus marqué déjà dans la deuxième partie de ce siècle. Malgré toutes les bonnes intentions et le courage que certains montrent pour enrayer ce processus, il sera démontré qu’il est maintenant trop tard pour le stopper.
Pour certains, l’effondrement de notre civilisation pourrait être un mal nécessaire à plusieurs égards. Toutefois, si rien n’est entrepris au plus tôt, l’effondrement conduira à un inévitable chaos généralisé. Et cela est la pire chose que l’humanité puisse craindre.
De ce chaos, il ne restera plus grand chose des États de droit, des acquis scientifiques, techniques, culturels et autres, accumulés au cours de ces derniers millénaires. Privés de leurs esclaves énergétiques, les hommes civilisés ne seront plus en capacité de mettre en œuvre leur savoir et leurs techniques pour survivre. Ne sachant plus comment utiliser leur milieu naturel, ils deviendront vite la proie de leurs pires ennemis ancestraux à savoir les bactéries, les virus et autres prédateurs parmi lesquels eux-mêmes. L’humanité mettra probablement plusieurs siècles pour s’en relever. Alors reste-t-il quelques actions à entreprendre?
La seule chose encore en notre pouvoir serait de concentrer tous nos efforts pour au moins éviter ou adoucir ce chaos post-effondrement.
Le défi est monumental mais pas impossible à condition que nous ne soyons plus guidés par notre égo culturellement hypertrophié, que nous ne craignons plus de perdre le superflu et que nous soyons capables de prendre de la distance envers nos plus importants paradigmes. Ces dernières conditions représentent en soi déjà un défi de taille surtout quand il doit être appliqué à la population mondiale. Ceci d’autant plus que le temps qui nous est imparti est relativement très court.
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