Neuvième exposé
Exemple pour un espace économique donné
Dans un premier temps, la baisse des flux d'énergie peut avoir des effets semblables à ceux d'une récession économique, mais la comparaison s'arrête là, car les mécanismes en jeu sont différents. Les récessions économiques font le plus souvent suite à une crise financière ou à l’éclatement d'une bulle d’un secteur économique. Mais en général, à part les récessions économiques en cas de guerre, ces crises ne sont pas liées à l'incapacité de produire en raison du manque de machines, de travailleurs, de matière première ou d’énergie. Le plus souvent, elles prennent naissance quand l'offre est supérieure à la demande. Ces crises sont des phénomènes inhérents à notre système économique et financier incapable de réguler l'offre et la demande sur le long terme. Elles deviennent alors des nécessités pour éviter l’emballement économique. Elles représentent autant de coups de frein absolument nécessaires pour éviter une sortie de route. Une fois la crise stabilisée, il suffit d’ajuster certaines valeurs du marché, par exemple en créant pratiquement ex nihilo de nouveaux capitaux, en diminuant les salaires, en licenciant des catégories sociales et la machine va pouvoir accélérer à nouveau jusqu’…au prochain risque de sortie de route.
La situation est tout à fait différente lorsqu’une récession se transforme en dépression due à une diminution permanente des flux d'énergie nécessaires au bon fonctionnement des sociétés. Dans ce cas, c’est la demande qui ne peut plus être satisfaite. La dépression se manifeste alors par le ralentissement toujours grandissant du triplet travail-production-consommation par manque d’énergie (et de matière première). Si, dans une crise économique, il est toujours possible de stimuler la consommation en injectant des capitaux créés à partir de rien, c'est-à-dire, en faisant fonctionner la machine à billet, il n'est pas possible de le faire avec l'énergie. En effet, comme nous l'avons vu dans le 4ème exposé, on ne peut pas créer de l'énergie à partir de rien.
Il n'y a donc pas de remède pour maîtriser ou atténuer ce type de récession qui va inévitablement converger vers une dépression économique permanente.
La baisse annuelle des flux d'énergie exogène, qui pourrait être de l'ordre de 2 à 4%, une fois le pic passé, se traduira par une augmentation immédiate du coût de l'énergie (toutes sources confondues), puis par une diminution progressive de la plupart des activités rétribuées dans les différents secteurs économiques.
Dans un premier temps, l'effet sera une augmentation du coût de la vie pour tout le monde avec une diminution correspondante de la consommation. Graduellement et progressivement, la baisse des flux d'énergie va entraîner la fermeture des grandes, moyennes et petites entreprises. De même, les services publics et tous les services du tertiaire devront dans un premier temps licencier de plus en plus massivement puis, pour certains, fermer leur porte. La perte de confiance dans le système va paralyser les investisseurs ainsi que l’obtention de crédits. Le taux de chômage grimpera en flèche. La diminution des activités salariées va faire dégringoler le PIB et simultanément les recettes de l’État. Les premiers affectés seront certainement les services sociaux. L’État deviendra donc de moins en moins efficace pour aider des foules de plus en plus dans le besoin par pertes de leurs revenus.
L'État sera alors obligé d’augmenter les impôts de ceux qui ont encore des revenus et des richesses. Afin de ne pas déclencher d’émeutes, l'État tentera d'emprunter autant que possible afin de relancer l'économie. Il ne trouvera malheureusement que peu de bailleurs de fonds prêts à risquer leur argent ou alors seulement à des taux très élevés. Le cercle vicieux de la dette et du ralentissement économique va se mettre en marche. Par la force des choses, même si, à ce moment, il y aura encore des régimes de gauche, nous devrions nous attendre à une forte réduction des prestations sociales pour les pauvres dont la fraction ne cessera d'augmenter. Les troubles sociaux qui en résulteraient augmenteront la perte des libertés individuelles de chacun.
Le fossé entre riches et pauvres ne fera que se creuser davantage attisant encore plus l'instabilité sociale. Le marché noir, les grèves, les actes de vandalisme, les troubles civils, le banditisme, les abus de confiance et les escroqueries de toutes sortes seront en forte hausse. Le sentiment d'insécurité, la méfiance de chacun envers les autres se développera progressivement, rendant la vie quotidienne insupportable. Parce que tous ces facteurs sont absolument défavorables au développement économique, la dégradation de la situation ne fera que s’amplifier d'année en année.
Lire la suite 9-1