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La complexité ne peut engendrer que plus de complexité pour autant que les flux d'énergie permettant cette croissance soient disponibles.
De nos jours, la croissance de la complexité de nos sociétés globalisées se fait en grande partie grâce à la spirale travail-production-consommation. Comme nous l'avons déjà répété à maintes reprises, cette croissance nécessite un flux d'énergie mais aussi un solide système économique et financier, ce dernier ne peut donc que croître aussi, ne serait-ce que d’une part, pour assouvir des besoins grandissants créés par une publicité omniprésente et, d'autre part, à cause du jeu de la dette et de la croissance démographique.
La spirale travail-production-consommation n’est guidée par aucun principe éthique ou philosophique. Sa raison d’être est avant tout le maintien de l’emploi, du pouvoir d’achat et du renforcement de la finance. Cette dernière a atteint ainsi une puissance et un pouvoir tels qu’elle dirige, via les média, la publicité et les banques, l’orientation de l’économie réelle, de la politique, de la culture, des sciences, et des croyances populaires.
Ces croissances sans fin ont été remises en question par les adeptes de la décroissance économique. Malheureusement notre système économique n'a pas d'outil pour contrôler et maîtriser une croissance zéro et encore moins une décroissance de la spirale travail-production-consommation. Si, par ailleurs, cette spirale devrait fortement diminuer, les plus favorisés seraient menacés d’une dégringolade de leur qualité de vie, quant aux autres, c’est leur chance de survie qui serait en jeu. A terme, il y a de fortes chances qu’une décroissance programmée conduise à un chaos social. Ainsi, personne ne voit d'un bon œil la mise en place d’un tel processus au niveau national et encore moins au niveau mondial.
Dans un monde où tout doit se payer, dans lequel plus personne ne peut vivre directement des largesses de la nature pour assurer ses besoins vitaux, chacun se retrouve, de gré ou de force, contraint de trouver un travail rétribué financièrement. Notre pouvoir d’achat est le sésame par lequel les difficultés de notre existence matérielle s'aplanissent. Quasiment aucun de nous n’est prêt à se restreindre spontanément à ce niveau. La richesse appelle à toujours plus de richesse. En conséquence :
La croissance des activités humaines doit être considérée comme une obligation pour éviter de graves troubles sociaux.
Cependant, la continuité de la croissance des activités humaines va avoir trois grandes conséquences :
1°) Elle entraînera des dommages si importants à la biosphère que ces derniers pourraient menacer l’existence même de notre civilisation. Voir le dixième exposé.
2°) Elle nécessitera une augmentation continue des flux de matière et d’énergie pour la maintenance, le fonctionnement et la croissance de l'ensemble de nos sociétés complexes mondialisées. Contrairement au gouvernement idéal (fictif vu dans l'exposé précédent), les dirigeants politiques de nos sociétés ne peuvent pas prétendre gérer les flux d'énergie de manière à ce que leurs sociétés se développent durablement.
3°) Plus la complexité de l'ensemble de nos sociétés mondialisées croît, plus cet ensemble devient difficile à gouverner. Il est fort probable qu'une fois atteint un seuil critique, ces sociétés deviendront totalement ingouvernables, du moins par des méthodes démocratiques. Le développement durable deviendra du même coup impossible.
Dès lors…
Le principe du développement durable semble incompatible avec le mode de pensée et la façon d’agir de notre civilisation
…en particulier, si nous entendons par développement durable la garantie d’un niveau de bien-être pour l’ensemble des populations civilisées et pour toutes les générations à venir.
De nos jours, les dirigeants mondiaux sont placés dans une situation délicate. Parce que le système économique mondial est obligé de croître pour éviter de graves troubles sociaux, voire des guerres, ils doivent soutenir à tout prix une panoplie de travaux de plus en plus pharaoniques (par exemple au nom du développement durable ou du réchauffement climatique) pour maintenir la fameuse croissance de la spirale travail-production-consommation. Les puissants moyens de communications dont dispose notre civilisation sont là pour persuader les populations que ces activités sont nécessaires pour "sauver la planète", selon la formule consacrée. Sans entrer dans la justification de la validité environnementale de ces travaux, gardons à l'esprit que toute croissance des activités humaines contribue au dérèglement de la biosphère sans laquelle notre civilisation ne peut exister. En plus, elle nécessite un flux croissant de matière et d’énergie dont les réserves ne sont pas infinies. Alors jusqu'à quand cette politique sera encore possible ?
Avant de tenter de répondre à cette question, il est bon de revoir quelques notions de physique très simples au sujet de l’énergie. C’est ce que nous allons faire dans le quatrième exposé.
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