8-1
Notre système économique mondialisé impose une croissance permanente des activités humaines.
Nous avons vu dans le 6ème exposé que le génie humain ne sera vraisemblablement pas en mesure de produire un flux d'énergie toujours croissant permettant cette augmentation d'activité. Ce flux passera par un maximum (Figure 6-3) puis diminuera inexorablement, probablement déjà au cours de la seconde moitié de ce siècle. Le taux annuel de cette baisse pourrait être de l'ordre de 2 à 4%. A partir de ce moment, le nombre d'aides à l’existence, à savoir nos "esclaves énergétiques", nous délaisseront les uns après les autres. Résultats: les structures sociétales des prochaines générations seront sérieusement endommagées, entraînant dans un premier temps des agitations sociales plus ou moins fortes, d’abord en différents points du globe qui se généraliseront petit à petit à l'ensemble des sociétés complexes mondialisées. Les problèmes qui se feront de plus en plus pressants pour les prochaines générations seront l'accès à la nourriture et à l'eau potable, aux soins en cas de maladie, aux transports afin de se déplacer sur de grandes distances pour trouver du travail ou de la nourriture, etc.. De même, ces générations constateront que les structures de la société seront de moins en moins capables d'assurer des emplois rémunérés, de distribuer des compensations pour les chômeurs, de protéger la population contre les épidémies et autres fléaux. Ainsi, logiquement, l'espérance de vie moyenne des générations futures devrait progressivement diminuer et donc aussi la population mondiale. A priori, du fait que cette dernière suive le même schéma que celui des flux d'énergie consommés, nous pouvons craindre qu’une fois passé le pic des flux d'énergie exogène, la population mondiale diminuera chaque année d'au moins 2 à 4%. Supposons que, lorsque ces flux d'énergie commenceront à diminuer, la population mondiale aura atteint 9 milliards d’individus.
Si la diminution de la population annuelle moyenne devait être de l'ordre de 3 %, la population mondiale ne compterait pas plus d'un milliard d’individus en moins de trois générations (75 ans).
Il est même possible que cette baisse soit encore plus brutale car elle est susceptible de s’accélérer pour les raisons suivantes:
1) Les liens qui relient les individus (éléments) et les structures sociétales qui, auparavant, avaient largement contribué à la croissance, perdront leur cohésion par l’hémorragie du nombre "d’esclaves énergétiques" et par la perte de ressources humaines qualifiées. De positif, ces liens vont devenir négatifs. Le paradigme socio-économique jusque-là dominant, va commencer par se fissurer. Parce que l'existence de l'immense majorité de la population deviendra de plus en plus difficile, sa méfiance en l'avenir, son esprit d'entreprise, sa confiance en elle-même et en les autres s'estompera. Après avoir franchi un certain seuil de dégradation de sa qualité de vie, la motivation, l'imagination et la créativité vont s'évaporer pour laisser place au pessimisme, au défaitisme, à l'anxiété, à la peur, à la recherche de coupables, etc. En raison de la perte des "esclaves énergétiques", de moins en moins de gens auront le temps de concevoir des stratégies visant à améliorer la situation. Ce sera par obligation et plus que jamais le chacun pour soi.
2) La diminution de la population ne fera qu'aggraver l'économie mondiale en raison du manque de producteurs et de consommateurs. Nous savons que notre système économique ne peut exister que si la production et la consommation se développent constamment. Même en l'absence de guerres généralisées, l'effondrement de l'économie ne fera qu'exacerber la désintégration de toutes les autres structures de nos sociétés complexes mondialisées, générant du coup une forte mortalité, principalement par des famines, des épidémies, des conflits régionaux et même mondiaux. Plus les structures nécessaires au bon fonctionnement de nos sociétés se disloqueront, plus l'instabilité sociale augmentera, avec pour effet de donner un coup de fouet à leur anéantissement par effet boule de neige.
L'histoire montre qu'en dessous d'un certain seuil de désespoir, les populations entrent en révolte. Ils cassent, détruisent et saccagent tout ce qui représente le système, parce qu'ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Elles se sentent dupées, maltraitées, humiliées, dépouillées, et pour elles, tout ceci appelle à la révolte, même si la cible n’est pas clairement identifiée. Ainsi, les structures, qui à la rigueur auraient pu fonctionner tant bien que mal, même au ralenti, seront détruites par des foules en colère. Les pouvoirs politiques et militaires se désagrégeront peu à peu, laissant place à des seigneurs de guerre, des extrémistes ou des révolutionnaires de tous bords, traînant avec eux des foules plus ou moins motivées, qui s'engageront soit par obligation, soit par résignation ou par une excitation momentanée. Lors de ces évènements, les structures de la société se détruiront les unes après les autres, conduisant à un effondrement général de notre civilisation.
Jared Diamond dans son livre: " Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ", (voir lectures suggérées ) souligne que les civilisations s’effondrent lorsque leurs structures qui leurs étaient spécifiques et leur ont permis de fonctionner jusqu'à lors, se désintègrent suffisamment rapidement pour qu'aucune stratégie ne permettent d’éviter à temps la tragédie.
Les exposés donnés jusqu’ici suggèrent que cette situation pourrait bien être la nôtre. L'effondrement de notre civilisation semble inéluctable et, si rien n’est entrepris au plus tôt, il conduira à un chaos généralisé. Rien n'est plus terrible à la fois humainement et culturellement. C'est le retour à une existence dans laquelle les pires instincts de l'Homme se manifestent sous la forme de violence incontrôlée, dominée par la peur et par l'instinct de survie. Si le chaos s'installe, il plongera l'humanité dans la période la plus sombre de son histoire. Il faudra probablement attendre plusieurs générations pour que l’humanité retrouve une stabilité. Bien malin celui qui pourra dire ce qui va en sortir.
En conclusion:
La question initiale était: Quels sont les risques encourus par notre civilisation si l’industrie mondiale est incapable de satisfaire les besoins mondiaux en énergie? La réponse est: une dégradation progressive de la complexité de notre civilisation mondiale conduisant à son effondrement.
Nous allons dans le 9ème exposé illustrer ce processus de destruction au sein d'un espace économique donné.
Si la diminution de la population annuelle moyenne devait être de l'ordre de 3 %, la population mondiale ne compterait pas plus d'un milliard d’individus en moins de trois générations (75 ans).
Il est même possible que cette baisse soit encore plus brutale car elle est susceptible de s’accélérer pour les raisons suivantes:
1) Les liens qui relient les individus (éléments) et les structures sociétales qui, auparavant, avaient largement contribué à la croissance, perdront leur cohésion par l’hémorragie du nombre "d’esclaves énergétiques" et par la perte de ressources humaines qualifiées. De positif, ces liens vont devenir négatifs. Le paradigme socio-économique jusque-là dominant, va commencer par se fissurer. Parce que l'existence de l'immense majorité de la population deviendra de plus en plus difficile, sa méfiance en l'avenir, son esprit d'entreprise, sa confiance en elle-même et en les autres s'estompera. Après avoir franchi un certain seuil de dégradation de sa qualité de vie, la motivation, l'imagination et la créativité vont s'évaporer pour laisser place au pessimisme, au défaitisme, à l'anxiété, à la peur, à la recherche de coupables, etc. En raison de la perte des "esclaves énergétiques", de moins en moins de gens auront le temps de concevoir des stratégies visant à améliorer la situation. Ce sera par obligation et plus que jamais le chacun pour soi.
2) La diminution de la population ne fera qu'aggraver l'économie mondiale en raison du manque de producteurs et de consommateurs. Nous savons que notre système économique ne peut exister que si la production et la consommation se développent constamment. Même en l'absence de guerres généralisées, l'effondrement de l'économie ne fera qu'exacerber la désintégration de toutes les autres structures de nos sociétés complexes mondialisées, générant du coup une forte mortalité, principalement par des famines, des épidémies, des conflits régionaux et même mondiaux. Plus les structures nécessaires au bon fonctionnement de nos sociétés se disloqueront, plus l'instabilité sociale augmentera, avec pour effet de donner un coup de fouet à leur anéantissement par effet boule de neige.
L'histoire montre qu'en dessous d'un certain seuil de désespoir, les populations entrent en révolte. Ils cassent, détruisent et saccagent tout ce qui représente le système, parce qu'ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Elles se sentent dupées, maltraitées, humiliées, dépouillées, et pour elles, tout ceci appelle à la révolte, même si la cible n’est pas clairement identifiée. Ainsi, les structures, qui à la rigueur auraient pu fonctionner tant bien que mal, même au ralenti, seront détruites par des foules en colère. Les pouvoirs politiques et militaires se désagrégeront peu à peu, laissant place à des seigneurs de guerre, des extrémistes ou des révolutionnaires de tous bords, traînant avec eux des foules plus ou moins motivées, qui s'engageront soit par obligation, soit par résignation ou par une excitation momentanée. Lors de ces évènements, les structures de la société se détruiront les unes après les autres, conduisant à un effondrement général de notre civilisation.
Jared Diamond dans son livre: " Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ", (voir lectures suggérées ) souligne que les civilisations s’effondrent lorsque leurs structures qui leurs étaient spécifiques et leur ont permis de fonctionner jusqu'à lors, se désintègrent suffisamment rapidement pour qu'aucune stratégie ne permettent d’éviter à temps la tragédie.
Les exposés donnés jusqu’ici suggèrent que cette situation pourrait bien être la nôtre. L'effondrement de notre civilisation semble inéluctable et, si rien n’est entrepris au plus tôt, il conduira à un chaos généralisé. Rien n'est plus terrible à la fois humainement et culturellement. C'est le retour à une existence dans laquelle les pires instincts de l'Homme se manifestent sous la forme de violence incontrôlée, dominée par la peur et par l'instinct de survie. Si le chaos s'installe, il plongera l'humanité dans la période la plus sombre de son histoire. Il faudra probablement attendre plusieurs générations pour que l’humanité retrouve une stabilité. Bien malin celui qui pourra dire ce qui va en sortir.
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