Ego individuel et collectif.
Ego individuel.
Nous devons comprendre ici par ego l’expression du Moi par rapport aux autres. Dès lors, l’ego est l’image que je me fais de moi et aussi celle dont je veux qu’on se fasse de moi dans la collectivité que j’ai ciblée, afin que je puisse y être reconnu, accepté, respecté et protégé.
Quand l’existence d’un individu, appartenant à un petit groupe qui dépend directement de l’environnement naturel, l’ego ne peut pas s’hypertrophier. En effet, il ne m'est pas possible d’impressionner le groupe avec l’image que j’aimerai qu’il se fasse de moi, si cette dernière n’est pas en phase avec mon comportement réel face aux éléments naturels avec lesquels il est impossible de tricher. Les marins pêcheurs de haute mer, pour ne prendre qu’un exemple, le savent bien. Dans un tel environnement, jamais un individu peut se considérer comme des dizaines, voire des centaines de fois supérieur à un autre et se faire récompenser en conséquence. L’équipage sait que chacun des leurs a son utilité à un moment ou à un autre. Cela n’empêche pas de préférer ou d’admirer un individu plus qu’un autre, mais cela n’a rien à voir, ni avec l’ego de l’admiré, ni avec celui de l’admirateur. Cela tient plus à la sympathie et à l’affect.
Quand l’Homme est immergé au sein d’une vaste société complexe, dont les valeurs sont fortement hiérarchisées selon des règles arbitraires, il est nécessaire de projeter une image de soi en accord avec les valeurs de cette société, afin d’impressionner favorablement son entourage pour y être accepté et protégé. Le développement de l’ego devient alors une nécessité pour sa survie. Plus le système de société est complexe, plus les critères de valeurs sont abstraits, plus l’image projetée prend le dessus sur les faits. De la même manière qu’un objet non vital nécessite une grande publicité pour être convoité, plus un individu sait envoyer une image séduisante, plus ses chances d’être apprécié grandissent. Plus l’individu manque de confiance en lui et en les autres, plus il lui sera nécessaire de développer son ego. Mais quand ce dernier prend une ampleur disproportionnée, il devient dangereux pour celui qui en est doté, aussi bien que pour son entourage.
Par la force des choses, en se faisant une image de soi, on se fait automatiquement une image de l’autre. Dans les deux cas c’est un pur produit de la pensée. La pensée n’est pas le résultat d’une vision lucide mais plutôt la résultante de plusieurs vecteurs comme : l’enseignement reçu et ce qu’on en a compris, la tendance à être dominant plutôt que dominé, l’interprétation des évènements vécus et ressentis directement ou indirectement au travers de notre sensibilité, notre logique, notre émotivité, notre sexualité et la façon dont la mémoire consciente en a été imprégnée. Ainsi, l’image qu’on se fait, et de soi, et de l’autre, est variable, inconstante, biaisée et très incomplète quand elle n’est pas carrément fausse. Elle n’est en fait qu’une illusion à géométrie variable.
L’ego, de par son essence même, s’oppose à l’humilité, à la résignation, à l’acceptation de soi et de l’autre. Il entraîne dans un état d’insatisfaction permanente les individus et la société, les obligeant constamment à se surpasser à la recherche d’une chimère qui doit les conduire vers une existence meilleure.
Tout comme n’importe quel animal, l’humain a besoin de sécurité matérielle qui puisse assurer son existence et lui permettre de fonder une famille. Si l’individu n’est pas doté de qualités intrinsèques au-dessus de la normale, il aura tendance à considérer les richesses matérielles non seulement comme un moyen de sécuriser son avenir mais aussi comme moyen de séduction et de puissance. Ainsi les richesses matérielles entrent obligatoirement dans l’image qu’on se fait de soi et de l’autre. En espérant projeter l’image d’une personne riche, j’espère asseoir ma puissance sur l’autre. En voyant chez l’autre l’image d’une personne riche, elle peut m’évoquer soit un sentiment de sécurité possible, soit un sentiment de jalousie ou être vue comme une menace envers ma propre puissance. Dans une société matérialiste, il est toujours possible de trouver plus riche que soi. Si l’image que je veux qu’on se fasse de moi soit celle d’une personne puissante, alors je dois constamment accroître mes richesses pour m’imposer aux autres. Je suis obligé de croître économiquement.
Le moi-pensant, le moi-agissant, le moi-possédant, le moi-au-dessus-de-mes-semblables, en d’autres termes l’ego, grandit parallèlement au développement du mode de pensée et de l’existence de l’Homme civilisé. À son tour, l’ego accroît l’imagination, la créativité. Il va aiguiser l’intellect, les émotions, les sentiments. L’ego va devenir la muse principale des œuvres d’art, des poèmes, des musiques et de la réalisation des idées les plus folles et ainsi nourrir la civilisation qui, en retour, nourrira l’ego et l’augmentera. Mais au-dessus d’un certain niveau, l’ego traîne avec lui de lourdes chaînes qui s’appellent orgueil, vanité, fierté, ambition, égoïsme auxquelles s’en accrochent d’autres ayant pour noms : jalousie, anxiété, frustration, vengeance, peur de perdre la face, peur d’être mal jugé, peur de ne pas posséder autant que les autres, peur de devoir partager, peur de ne pas être accepté ou reconnu pour sa juste valeur, peur de ne pas être aimé, peur de l’autre, peur de l’inconnu, peur d’être dérangé dans ses convictions, peur de se remettre en question.
Ego collectif.
Plus la société est complexe dans ses concepts du vrai et du faux, du beau et du laid, de l’intelligent et du stupide, de ce qui a de la valeur et de ce qui n’en a pas, plus il est difficile de projeter vers les autres une image stable et non ambiguë de soi-même. Plus l’ego est grand, plus les quatre questions suivantes nous angoissent : Qui suis-je réellement ? Quelle image de moi dois-je projeter vers l’autre ? Quelle lecture va en faire l’autre ? Comment l’autre va-t-il me juger ? C’est d’autant plus préoccupant que l’image que je veux que l’autre se fasse de moi dépend aussi de cet autre. Je ne suis donc pas maître de mon ego puisqu’il est modulé par l’autre.
Pour diminuer mon angoisse, j’ai plusieurs remèdes plus ou moins efficaces. Le premier est de lutter contre mon ego mais, c’est si difficile. L’autre consiste à le dissimuler derrière les étiquettes des groupes auxquels je m’identifie et par lesquelles l’autre va devoir m’identifier. Ces étiquettes peuvent entre autres définir ma nationalité, mon occupation professionnelle, ma confession religieuse, mon appartenance à un groupe politique, de pression, de pouvoir ou de prestige. Si je suis un individu à fort ego, la seule insulte à l’une de mes étiquettes pourra me faire exiger réparation, non pas au nom de mon ego bafoué, mais au nom de mon étiquette. Si cette réparation ne venait pas, alors je pourrais inciter tout mon groupe à la vengeance. Ainsi l’ego individuel se fond dans l’ego collectif qu’il faut voir comme le dénominateur commun des ego individuels sur lesquels reposent les valeurs dites fondamentales du groupe. Dans ce cas l’ego collectif nourrit l’ego individuel et réciproquement. L’ego collectif engendre le nationalisme et le militantisme de tous bords avec son cortège de dérives extrémistes.
Les conflits entre soi-même et les conflits entre soi-même et les autres, deviennent sources d’anxiété et d’insécurité, débouchant sur des névroses et des psychoses individuelles et collectives plus ou moins sévères. Ils engendrent l’insatisfaction permanente catalyseur du progrès à tous prix. Ce sont ces pathologies qui vont conduire à des comportements individuels et collectifs aberrants en regard de ce qu’aurait pu être la qualité de l’existence de chacun. Mais c’est peut-être le prix à payer pour faire progresser la culture et la civilisation.
Nous devons comprendre ici par ego l’expression du Moi par rapport aux autres. Dès lors, l’ego est l’image que je me fais de moi et aussi celle dont je veux qu’on se fasse de moi dans la collectivité que j’ai ciblée, afin que je puisse y être reconnu, accepté, respecté et protégé.
Quand l’existence d’un individu, appartenant à un petit groupe qui dépend directement de l’environnement naturel, l’ego ne peut pas s’hypertrophier. En effet, il ne m'est pas possible d’impressionner le groupe avec l’image que j’aimerai qu’il se fasse de moi, si cette dernière n’est pas en phase avec mon comportement réel face aux éléments naturels avec lesquels il est impossible de tricher. Les marins pêcheurs de haute mer, pour ne prendre qu’un exemple, le savent bien. Dans un tel environnement, jamais un individu peut se considérer comme des dizaines, voire des centaines de fois supérieur à un autre et se faire récompenser en conséquence. L’équipage sait que chacun des leurs a son utilité à un moment ou à un autre. Cela n’empêche pas de préférer ou d’admirer un individu plus qu’un autre, mais cela n’a rien à voir, ni avec l’ego de l’admiré, ni avec celui de l’admirateur. Cela tient plus à la sympathie et à l’affect.
Quand l’Homme est immergé au sein d’une vaste société complexe, dont les valeurs sont fortement hiérarchisées selon des règles arbitraires, il est nécessaire de projeter une image de soi en accord avec les valeurs de cette société, afin d’impressionner favorablement son entourage pour y être accepté et protégé. Le développement de l’ego devient alors une nécessité pour sa survie. Plus le système de société est complexe, plus les critères de valeurs sont abstraits, plus l’image projetée prend le dessus sur les faits. De la même manière qu’un objet non vital nécessite une grande publicité pour être convoité, plus un individu sait envoyer une image séduisante, plus ses chances d’être apprécié grandissent. Plus l’individu manque de confiance en lui et en les autres, plus il lui sera nécessaire de développer son ego. Mais quand ce dernier prend une ampleur disproportionnée, il devient dangereux pour celui qui en est doté, aussi bien que pour son entourage.
Par la force des choses, en se faisant une image de soi, on se fait automatiquement une image de l’autre. Dans les deux cas c’est un pur produit de la pensée. La pensée n’est pas le résultat d’une vision lucide mais plutôt la résultante de plusieurs vecteurs comme : l’enseignement reçu et ce qu’on en a compris, la tendance à être dominant plutôt que dominé, l’interprétation des évènements vécus et ressentis directement ou indirectement au travers de notre sensibilité, notre logique, notre émotivité, notre sexualité et la façon dont la mémoire consciente en a été imprégnée. Ainsi, l’image qu’on se fait, et de soi, et de l’autre, est variable, inconstante, biaisée et très incomplète quand elle n’est pas carrément fausse. Elle n’est en fait qu’une illusion à géométrie variable.
L’ego, de par son essence même, s’oppose à l’humilité, à la résignation, à l’acceptation de soi et de l’autre. Il entraîne dans un état d’insatisfaction permanente les individus et la société, les obligeant constamment à se surpasser à la recherche d’une chimère qui doit les conduire vers une existence meilleure.
Tout comme n’importe quel animal, l’humain a besoin de sécurité matérielle qui puisse assurer son existence et lui permettre de fonder une famille. Si l’individu n’est pas doté de qualités intrinsèques au-dessus de la normale, il aura tendance à considérer les richesses matérielles non seulement comme un moyen de sécuriser son avenir mais aussi comme moyen de séduction et de puissance. Ainsi les richesses matérielles entrent obligatoirement dans l’image qu’on se fait de soi et de l’autre. En espérant projeter l’image d’une personne riche, j’espère asseoir ma puissance sur l’autre. En voyant chez l’autre l’image d’une personne riche, elle peut m’évoquer soit un sentiment de sécurité possible, soit un sentiment de jalousie ou être vue comme une menace envers ma propre puissance. Dans une société matérialiste, il est toujours possible de trouver plus riche que soi. Si l’image que je veux qu’on se fasse de moi soit celle d’une personne puissante, alors je dois constamment accroître mes richesses pour m’imposer aux autres. Je suis obligé de croître économiquement.
Le moi-pensant, le moi-agissant, le moi-possédant, le moi-au-dessus-de-mes-semblables, en d’autres termes l’ego, grandit parallèlement au développement du mode de pensée et de l’existence de l’Homme civilisé. À son tour, l’ego accroît l’imagination, la créativité. Il va aiguiser l’intellect, les émotions, les sentiments. L’ego va devenir la muse principale des œuvres d’art, des poèmes, des musiques et de la réalisation des idées les plus folles et ainsi nourrir la civilisation qui, en retour, nourrira l’ego et l’augmentera. Mais au-dessus d’un certain niveau, l’ego traîne avec lui de lourdes chaînes qui s’appellent orgueil, vanité, fierté, ambition, égoïsme auxquelles s’en accrochent d’autres ayant pour noms : jalousie, anxiété, frustration, vengeance, peur de perdre la face, peur d’être mal jugé, peur de ne pas posséder autant que les autres, peur de devoir partager, peur de ne pas être accepté ou reconnu pour sa juste valeur, peur de ne pas être aimé, peur de l’autre, peur de l’inconnu, peur d’être dérangé dans ses convictions, peur de se remettre en question.
Ego collectif.
Plus la société est complexe dans ses concepts du vrai et du faux, du beau et du laid, de l’intelligent et du stupide, de ce qui a de la valeur et de ce qui n’en a pas, plus il est difficile de projeter vers les autres une image stable et non ambiguë de soi-même. Plus l’ego est grand, plus les quatre questions suivantes nous angoissent : Qui suis-je réellement ? Quelle image de moi dois-je projeter vers l’autre ? Quelle lecture va en faire l’autre ? Comment l’autre va-t-il me juger ? C’est d’autant plus préoccupant que l’image que je veux que l’autre se fasse de moi dépend aussi de cet autre. Je ne suis donc pas maître de mon ego puisqu’il est modulé par l’autre.
Pour diminuer mon angoisse, j’ai plusieurs remèdes plus ou moins efficaces. Le premier est de lutter contre mon ego mais, c’est si difficile. L’autre consiste à le dissimuler derrière les étiquettes des groupes auxquels je m’identifie et par lesquelles l’autre va devoir m’identifier. Ces étiquettes peuvent entre autres définir ma nationalité, mon occupation professionnelle, ma confession religieuse, mon appartenance à un groupe politique, de pression, de pouvoir ou de prestige. Si je suis un individu à fort ego, la seule insulte à l’une de mes étiquettes pourra me faire exiger réparation, non pas au nom de mon ego bafoué, mais au nom de mon étiquette. Si cette réparation ne venait pas, alors je pourrais inciter tout mon groupe à la vengeance. Ainsi l’ego individuel se fond dans l’ego collectif qu’il faut voir comme le dénominateur commun des ego individuels sur lesquels reposent les valeurs dites fondamentales du groupe. Dans ce cas l’ego collectif nourrit l’ego individuel et réciproquement. L’ego collectif engendre le nationalisme et le militantisme de tous bords avec son cortège de dérives extrémistes.
Les conflits entre soi-même et les conflits entre soi-même et les autres, deviennent sources d’anxiété et d’insécurité, débouchant sur des névroses et des psychoses individuelles et collectives plus ou moins sévères. Ils engendrent l’insatisfaction permanente catalyseur du progrès à tous prix. Ce sont ces pathologies qui vont conduire à des comportements individuels et collectifs aberrants en regard de ce qu’aurait pu être la qualité de l’existence de chacun. Mais c’est peut-être le prix à payer pour faire progresser la culture et la civilisation.
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