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Afin de garantir un accroissement annuel de 3500 TWh/an des flux d'énergies dites alternatives, l'industrie mondiale devra construire chaque année quelque chose comme par exemple:
1,25 Installations de type DESERTEC
10,9 Barrages de la taille des Trois Gorges
87,5 Centrales nucléaires de troisième génération
43’700 Installations de taille moyenne « éolien +solaire »
Pourquoi? Parce-que: (1,25 x 700 TWh/an +10,9 x 80 TWh/an + 87,5 x 10 TWh/an + 43700 x 0,02 TWh/an) = 3496 TWh/an
Bien sûr il y d'autres combinaisons mais, quel que soit le choix, le défi semble bien au-dessus des capacités industrielles mondiales. En effet il faut s'attendre à trop de problèmes concernant les flux de matières premières, (en particulier les métaux conducteurs comme le cuivre), la main d'œuvre, les cadences de travail, les fonds monétaires insuffisants, etc... Sans compter les tensions géostratégiques et la fiabilité et la sécurité des réseaux électriques. D'autre part, il faudra construire beaucoup plus de que le nombre d'installations calculé ci-dessus. Pourquoi ?
Pour le moment, ces centrales d’énergies alternatives sont obtenues à partir d'énergie fossile. Elles le seront au moins jusqu’à l'atteinte du pic d'extraction de ces énergies fossiles. Une fois ce pic franchi, il n’y aura pas assez de flux d’énergie fossile pour assurer l’énorme défi industriel concernant la production de sources d’énergies alternatives. Il faudra alors de plus en plus construire les installations productrices d’énergies alternatives à partir de la seule énergie électrique produite pas ces installations. Exprimé autrement, la question est par exemple : combien d’éoliennes faudrait-il construire pour fabriquer celles dédiées uniquement à fournir l’énergie utile aux consommateurs ?
Faisons alors le petit exercice suivant:
Question : S’il fallait tout miser sur une seule source d’énergie, par exemple des centrales de 0,02 TWh/an composées d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques, combien de ces centrales faudrait-il construire chaque année ?
Théoriquement, pour compenser les 3500 TWh/an perdus chaque année avec des installations produisant 0,02 TWh/an, il faudrait construire annuellement 3500/0,02= 175’000 de ces installations.
Ce calcul serait-il encore correct s' il n'est plus possible d'utiliser les énergies fossiles pour construire les installations d'énergies renouvelables?
Réponse:
NON! Beaucoup plus !
Pourquoi ?
Parce-que les 3500 TWh/an et les 0,02TWh/an sont les énergies utiles destinées aux consommateurs. Mais, il faudra encore d’autres installations de production d’énergie pour fabriquer les 175’000 centrales d’énergie alternative chargées de produire ce flux d’énergie utile.
Combien faudra-t-il de ces installations supplémentaires? Tout dépend du rapport EROEI entrevu dans le quatrième exposé
Si EROEI = 1 : toute l’énergie produite devra servir à construire des centrales productrices d’énergie, il ne restera donc plus rien pour les consommateurs.
Pour conserver le même flux d’énergie net pour les consommateurs, il faudrait
=> 3 fois plus d’installations si le EROEI = 1.5
=> 2 fois plus d’installations si le EROEI = 2
=> 1,33 fois plus d’installations si le EROEI =3
=> 1,17 fois plus d’installations si le EROEI = 7
La valeur des EROEI pour les énergies alternatives, obtenues non pas à partir des énergies fossiles mais à partir des énergies alternatives, ne nous sont pas connues. Probable qu’elles soient faibles.
Si le EROEI est de l’ordre de 2 à 3, cela imposerait de construire entre 33 et 100% d’installations en plus de celles uniquement dédiées à la production d’énergie pour les consommateurs.
En conclusion :
Actuellement, le fait de consentir à un énorme effort industriel n’est pas pour déplaire aux nations fortement industrialisées et en possession des techniques de pointe.
Certainement que les politiciens de ces nations applaudiront des deux mains, car cette orientation pour « sauver la planète » donnera suffisamment de travail et apportera suffisamment de devises pour maintenir les programmes sociaux, si importants pour se faire estimer des électeurs. La question du financement ne devrait pas se poser, du moins pour les pays économiquement forts, car les financiers ont suffisamment de tours de prestidigitation dans leurs besaces pour trouver en un clin d’œil des centaines de milliards de dollars ou d’euros. A part quelques résistances au sujet du nucléaire, les écologistes salueront probablement l'ensemble de cet effort industriel, car il sera facile de les convaincre que ces travaux vont dans leur sens, puisqu’ils se concentrent sur le développement de soi-disant «énergies propres». Les scientifiques et les directeurs de recherche et développement des diverses Universités, ainsi que les grandes entreprises, continueront à promettre aux financiers et aux politiciens des nouvelles technologies passionnantes et révolutionnaires. Cette vue optimiste de l'avenir sera encouragée par la vision du future des scientifiques de pointe qui prétendent que notre civilisation a encore un potentiel de développement pouvant s’étendre sur plusieurs siècles et garantir à l'humanité un avenir toujours meilleur. Le grand business, les gouvernements, les travailleurs, les épargnants, les retraités seront satisfaits. Tous croiront que la croissance sera sauvée, que les possibilités d'emplois augmenteront, que la démocratie s'étendra partout dans le monde, que la qualité de vie des populations pauvres s'améliorera et que tout le monde pourra rêver à des jours meilleurs.
Mais l’égoïsme de chacun, le refus de voir les choses en face, pourrait placer la civilisation en face de graves problèmes. En effet, si les prévisions données ici, mêmes fausses d’un facteur 2 devaient se vérifier, nous devrions admettre que multiplier la cadence de construction de centrales énergétiques au cours de la deuxième moitié de ce siècle par un facteur vraisemblablement supérieur à 12, par rapport à la cadence actuelle est probablement illusoire.
En résumé: Dès la deuxième moitié de ce siècle nous devrions nous attendre à une nette et durable baisse des flux d’énergie nécessaires à faire croître, fonctionner et entretenir l’ensemble des sociétés mondialisées.
Quelles en seront les conséquences ? Le système risque-t-il de s’effondrer par manque de flux d’énergie?
C’est ce que nous allons voir dans le 8ème exposé
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