Premier exposé
Notre civilisation représente un système complexe.
Le terme «civilisation» conduit souvent à des définitions plus ou moins vagues en fonction de la façon dont nous la regardons. Parfois, elle est vue essentiellement comme les caractéristiques particulières de la vie sociale d’une culture donnée. Celle actuelle est souvent considérée comme une civilisation mondialisée, occidentalisée ou industrialisée. Pour éviter ce genre de débat sans intérêt pour ce que nous voulons démontrer, nous allons comprendre par le terme "notre civilisation" l'ensemble des sociétés mondialisées qui la constitue.
Nous allons postuler que l'ensemble des sociétés humaines mondialisées se comporte de la même manière que les systèmes complexes observés dans la Nature. Un système complexe ne doit pas être confondu avec un système compliqué. Voir la différence ici. Il existe différentes définitions de ce que pourrait être un système complexe. Ceux trouvés dans la Nature ont la particularité d’impliquer des masses et des énergies. Ces systèmes complexes sont donc nécessairement des systèmes ouverts, c'est-à-dire, influencés par leur environnement. Comme toutes choses dans la Nature, ces systèmes évoluent au fil du temps. Ils ont une Existence qui est nécessairement limitée dans le temps et de ce fait sont fondamentalement irréversibles.
En d'autres termes nous prétendons que l'ensemble des sociétés mondialisées forme un système complexe, semblable à :
un organisme biologique,
un biotope, ou
la biosphère.
Essayons de donner plus de précision à l'expression "forme un système complexe", que certaines personnes pourraient trouver un peu vague.
Dans ces exposés, un système complexe est défini comme suit:
=> Une entité en relation avec son environnement interne et externe, constituée d'un grand nombre d'éléments et de structures, tous interconnectés par des liaisons plus ou moins fortes ou directes, et régulées par plusieurs actions et réactions.
=> Le développement et la croissance d'un système complexe au fil du temps n’obéit à aucune logique et à aucun déterminisme. Il se développe au travers d’une multitude d’arrangements et de combinaisons, quasi aléatoire (et donc quasi imprévisible) de ses composants au cours du temps. C’est ce qui le rend à la fois irréversible et non modélisable mathématiquement. Pour se développer, fonctionner et s'entretenir un tel système complexe demande à la fois un flux de matière et un flux d’énergie proportionnels à la complexité du système. Si ces flux devaient diminuer, alors le système ne peut retrouver l'état qui était le sien au moment où les flux d'énergie et de matière étaient plus petits. Lorsqu’il est privé de ses flux minimums de matière et d’énergie, alors la loi de l’entropie prend le dessus et le conduit vers un état proche du chaos.
=> Pour autant qu’il reçoive les flux d’énergie et de matière suffisants, un système complexe ne peut que voir sa complexité croître exponentiellement car le nombre d’arrangements et de combinaisons de ses constituants augmente aussi exponentiellement. Dit plus simplement: pour autant que les flux d'énergie et de matière soient garantis, la complexité ne peut évoluer que vers plus de complexité.
Pour la compréhension de ce qui suit, il est important de bien comprendre ce que nous appelons ici «un système complexe», de quoi il est constitué et comment il fonctionne.
Reprenons en détail la définition ci-dessus.
Nous avons dit que:
Un système complexe est une entité formée d'un grand nombre d'éléments.
Quels sont ces éléments?
Dans un organisme biologique, les éléments sont ses propres cellules. Elles se différencient par leurs types d'activité, leurs hiérarchies, leurs fonctions et leurs spécialités. Ces particularités sont codées par les gènes de l'organisme.
Dans les sociétés humaines, les éléments sont à la base les individus constituant la société. Comme les cellules, les individus se différencient par leurs types d'activité, leurs hiérarchies, leurs fonctions et spécialités. Mais ici, leurs caractéristiques ne sont pas inscrites dans le marbre ou dans des gènes. Ils varient considérablement au cours de la croissance des individus et de l'évolution des sociétés humaines. Parce que toutes les sociétés ne fonctionnent pas de la même façon, il existe de grandes différences d'une société à l'autre.
Nous devrions encore ajouter comme élément les créations matérielles de l’Homme comme par exemple la voiture, l’avion, l’usine, le téléphone, etc..
Dans tous les cas, le nombre d'éléments et l’importance relative de leur diversité augmentent le niveau de complexité du système.
Pour un nombre donné d'éléments, un système ayant peu de diversité sera moins complexe qu'un système ayant des éléments très divers.
Les éléments d'un système complexe sont souvent agglomérés en sous-ensembles de complexité, vitaux pour le bon fonctionnement du système. Nous appellerons ces sous-ensembles structures.
Dans un organisme biologique les structures sont essentiellement des organes, tels que le cœur, les poumons, la circulation sanguine ou le système lymphatique.
Dans les sociétés humaines, les structures sont considérées comme tout type de structures conçues par la civilisation. Ils comprennent, par exemple, les nations avec leurs systèmes politiques et socio-économiques, les religions, les systèmes de défense militaires et de sécurité interne. S'ajoutent à cela les systèmes de production et de consommation des biens et des services, les systèmes liés à l’alimentation, à la protection sociale, à la santé, à l’éducation, à la culture, au tourisme de masse, etc. S'ajoutent encore les systèmes d’extraction et de transformation des ressources énergétiques et matérielles, des communications et des télécommunications et bien d’autres encore.
Les structures de tout système complexe forment la colonne vertébrale du système. Leurs destructions mêmes partielles, ou leurs dysfonctionnements endommageraient sérieusement tout le système complexe. Plus un système possède un grand nombre de structures ayant eux-mêmes un grand nombre d'éléments, plus le degré de complexité est élevé.
Pour se développer et fonctionner correctement, les éléments et les structures doivent être reliés entre eux par des liens plus ou moins directs. Ces liaisons constituent le troisième volet d'un système complexe.
Les liens se présentent sous la forme d'une variété infinie de règles locales, nationales et internationales. Les liens se trouvent aussi sous forme de systèmes de communication extrêmement variés. Les liens n'interagissent pas seulement entre les éléments et les structures, ils peuvent aussi interagir entre eux.
Dans un organisme biologique, les cellules et les organes sont reliés entre eux et aussi avec le monde extérieur. Cela se fait par divers mécanismes physiologiques. Le système de communication peut se faire par l’intermédiaire de micro courant électrique, d’une différence de pression, de contact entre cellules, etc. Il existe dans tout organisme biologique des organes sensoriels qui le connectent avec le monde extérieur. Ces liens se font par le biais de signaux physiologiques utilisant un grand nombre d’intermédiaires tels par exemple des neurones, des hormones, des phéromones, des enzymes, etc.
Dans les sociétés humaines, les liens se produisent entre les individus (éléments) et entre les structures. Ils permettent la cohésion du système physique et social. Ils jouent un rôle important dans l'évolution et la survie des sociétés humaines. Ces connexions sont effectuées par divers systèmes de communication tels la mémoire, l'expérience de vie, la culture, l’apprentissage, l'enseignement. Ces liens tissent lentement la façon dont l’ensemble de la société va penser et agir. Ils vont générer des règles sociétales, des croyances, des comportements qui passeront de génération en génération avec presque la même force qu’un code génétique. Mais contrairement à un organisme biologique dans lequel les liens protègent l’individu dans le but de protéger l’espèce, les liens dans une société humaine servent avant tout à ne protéger que certains d’entre eux plutôt que de protéger l’ensemble de l’espèce humaine. C’est d’autant plus aigu que les structures et les liens différent souvent d’une société à l’autre ce qui entraîne des conflits entre elles.
Contrairement à la plupart des espèces biologiques, l'Homme civilisé considère certains individus plus importants que leur propre espèce. Par conséquent, l'éducation que ces derniers imposent aux autres conduit souvent à des croyances irrationnelles, des dogmes, des traditions et des habitudes qui ne sont pas nécessairement en accord avec les besoins fondamentaux des individus, ni de leur équilibre, ni de l'harmonie de leur société et encore moins au respect de l'environnement naturel. Tout cela forme un paradigme extrêmement solide, presque impossible à détruire de l’intérieur.
Seule la création de nouveaux liens, venant d’une sorte de mutation de la pensée, se produisant par exemple dans une région particulière du système complexe peuvent, dans certains cas et au fil du temps, s'étendre à l'ensemble du système. Ces nouveaux liens détruisent progressivement les anciens pour finalement émerger comme un nouveau paradigme. Une telle mutation est plus susceptible de se produire lors d’un événement très important et traumatisant qui agit comme un commutateur. Cela a pu être déjà le cas autrefois lors du début ou de la fin d'une ère glaciaire. Aujourd'hui, il pourrait être déclenché par l'effondrement de notre civilisation.
C'est grâce aux liens que certaines actions, réactions et rétroactions auront lieu.
Lire la suite 1-1
Nous allons postuler que l'ensemble des sociétés humaines mondialisées se comporte de la même manière que les systèmes complexes observés dans la Nature. Un système complexe ne doit pas être confondu avec un système compliqué. Voir la différence ici. Il existe différentes définitions de ce que pourrait être un système complexe. Ceux trouvés dans la Nature ont la particularité d’impliquer des masses et des énergies. Ces systèmes complexes sont donc nécessairement des systèmes ouverts, c'est-à-dire, influencés par leur environnement. Comme toutes choses dans la Nature, ces systèmes évoluent au fil du temps. Ils ont une Existence qui est nécessairement limitée dans le temps et de ce fait sont fondamentalement irréversibles.
En d'autres termes nous prétendons que l'ensemble des sociétés mondialisées forme un système complexe, semblable à :
un organisme biologique,
un biotope, ou
la biosphère.
Essayons de donner plus de précision à l'expression "forme un système complexe", que certaines personnes pourraient trouver un peu vague.
Dans ces exposés, un système complexe est défini comme suit:
=> Une entité en relation avec son environnement interne et externe, constituée d'un grand nombre d'éléments et de structures, tous interconnectés par des liaisons plus ou moins fortes ou directes, et régulées par plusieurs actions et réactions.
=> Le développement et la croissance d'un système complexe au fil du temps n’obéit à aucune logique et à aucun déterminisme. Il se développe au travers d’une multitude d’arrangements et de combinaisons, quasi aléatoire (et donc quasi imprévisible) de ses composants au cours du temps. C’est ce qui le rend à la fois irréversible et non modélisable mathématiquement. Pour se développer, fonctionner et s'entretenir un tel système complexe demande à la fois un flux de matière et un flux d’énergie proportionnels à la complexité du système. Si ces flux devaient diminuer, alors le système ne peut retrouver l'état qui était le sien au moment où les flux d'énergie et de matière étaient plus petits. Lorsqu’il est privé de ses flux minimums de matière et d’énergie, alors la loi de l’entropie prend le dessus et le conduit vers un état proche du chaos.
=> Pour autant qu’il reçoive les flux d’énergie et de matière suffisants, un système complexe ne peut que voir sa complexité croître exponentiellement car le nombre d’arrangements et de combinaisons de ses constituants augmente aussi exponentiellement. Dit plus simplement: pour autant que les flux d'énergie et de matière soient garantis, la complexité ne peut évoluer que vers plus de complexité.
Pour la compréhension de ce qui suit, il est important de bien comprendre ce que nous appelons ici «un système complexe», de quoi il est constitué et comment il fonctionne.
Reprenons en détail la définition ci-dessus.
Nous avons dit que:
Un système complexe est une entité formée d'un grand nombre d'éléments.
Quels sont ces éléments?
Dans un organisme biologique, les éléments sont ses propres cellules. Elles se différencient par leurs types d'activité, leurs hiérarchies, leurs fonctions et leurs spécialités. Ces particularités sont codées par les gènes de l'organisme.
Dans les sociétés humaines, les éléments sont à la base les individus constituant la société. Comme les cellules, les individus se différencient par leurs types d'activité, leurs hiérarchies, leurs fonctions et spécialités. Mais ici, leurs caractéristiques ne sont pas inscrites dans le marbre ou dans des gènes. Ils varient considérablement au cours de la croissance des individus et de l'évolution des sociétés humaines. Parce que toutes les sociétés ne fonctionnent pas de la même façon, il existe de grandes différences d'une société à l'autre.
Nous devrions encore ajouter comme élément les créations matérielles de l’Homme comme par exemple la voiture, l’avion, l’usine, le téléphone, etc..
Dans tous les cas, le nombre d'éléments et l’importance relative de leur diversité augmentent le niveau de complexité du système.
Pour un nombre donné d'éléments, un système ayant peu de diversité sera moins complexe qu'un système ayant des éléments très divers.
Les éléments d'un système complexe sont souvent agglomérés en sous-ensembles de complexité, vitaux pour le bon fonctionnement du système. Nous appellerons ces sous-ensembles structures.
Dans un organisme biologique les structures sont essentiellement des organes, tels que le cœur, les poumons, la circulation sanguine ou le système lymphatique.
Dans les sociétés humaines, les structures sont considérées comme tout type de structures conçues par la civilisation. Ils comprennent, par exemple, les nations avec leurs systèmes politiques et socio-économiques, les religions, les systèmes de défense militaires et de sécurité interne. S'ajoutent à cela les systèmes de production et de consommation des biens et des services, les systèmes liés à l’alimentation, à la protection sociale, à la santé, à l’éducation, à la culture, au tourisme de masse, etc. S'ajoutent encore les systèmes d’extraction et de transformation des ressources énergétiques et matérielles, des communications et des télécommunications et bien d’autres encore.
Les structures de tout système complexe forment la colonne vertébrale du système. Leurs destructions mêmes partielles, ou leurs dysfonctionnements endommageraient sérieusement tout le système complexe. Plus un système possède un grand nombre de structures ayant eux-mêmes un grand nombre d'éléments, plus le degré de complexité est élevé.
Pour se développer et fonctionner correctement, les éléments et les structures doivent être reliés entre eux par des liens plus ou moins directs. Ces liaisons constituent le troisième volet d'un système complexe.
Les liens se présentent sous la forme d'une variété infinie de règles locales, nationales et internationales. Les liens se trouvent aussi sous forme de systèmes de communication extrêmement variés. Les liens n'interagissent pas seulement entre les éléments et les structures, ils peuvent aussi interagir entre eux.
Dans un organisme biologique, les cellules et les organes sont reliés entre eux et aussi avec le monde extérieur. Cela se fait par divers mécanismes physiologiques. Le système de communication peut se faire par l’intermédiaire de micro courant électrique, d’une différence de pression, de contact entre cellules, etc. Il existe dans tout organisme biologique des organes sensoriels qui le connectent avec le monde extérieur. Ces liens se font par le biais de signaux physiologiques utilisant un grand nombre d’intermédiaires tels par exemple des neurones, des hormones, des phéromones, des enzymes, etc.
Dans les sociétés humaines, les liens se produisent entre les individus (éléments) et entre les structures. Ils permettent la cohésion du système physique et social. Ils jouent un rôle important dans l'évolution et la survie des sociétés humaines. Ces connexions sont effectuées par divers systèmes de communication tels la mémoire, l'expérience de vie, la culture, l’apprentissage, l'enseignement. Ces liens tissent lentement la façon dont l’ensemble de la société va penser et agir. Ils vont générer des règles sociétales, des croyances, des comportements qui passeront de génération en génération avec presque la même force qu’un code génétique. Mais contrairement à un organisme biologique dans lequel les liens protègent l’individu dans le but de protéger l’espèce, les liens dans une société humaine servent avant tout à ne protéger que certains d’entre eux plutôt que de protéger l’ensemble de l’espèce humaine. C’est d’autant plus aigu que les structures et les liens différent souvent d’une société à l’autre ce qui entraîne des conflits entre elles.
Contrairement à la plupart des espèces biologiques, l'Homme civilisé considère certains individus plus importants que leur propre espèce. Par conséquent, l'éducation que ces derniers imposent aux autres conduit souvent à des croyances irrationnelles, des dogmes, des traditions et des habitudes qui ne sont pas nécessairement en accord avec les besoins fondamentaux des individus, ni de leur équilibre, ni de l'harmonie de leur société et encore moins au respect de l'environnement naturel. Tout cela forme un paradigme extrêmement solide, presque impossible à détruire de l’intérieur.
Seule la création de nouveaux liens, venant d’une sorte de mutation de la pensée, se produisant par exemple dans une région particulière du système complexe peuvent, dans certains cas et au fil du temps, s'étendre à l'ensemble du système. Ces nouveaux liens détruisent progressivement les anciens pour finalement émerger comme un nouveau paradigme. Une telle mutation est plus susceptible de se produire lors d’un événement très important et traumatisant qui agit comme un commutateur. Cela a pu être déjà le cas autrefois lors du début ou de la fin d'une ère glaciaire. Aujourd'hui, il pourrait être déclenché par l'effondrement de notre civilisation.
C'est grâce aux liens que certaines actions, réactions et rétroactions auront lieu.
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