Huitième exposé
Quels sont les risques encourus par notre civilisation si l’industrie mondiale était incapable de satisfaire les besoins mondiaux en énergie.
Le 7ème exposé suggère que l'industrie mondiale pourrait ne pas être en mesure de compenser, d’une manière synchrone, la diminution du flux d'énergie fossile une fois passé le pic mondial de leur taux d’extraction. Si cette prédiction devait se révéler exacte, nous devrions nous en inquiéter parce que cet événement aura un impact significatif et négatif sur les générations futures.
A quoi doit-on s’attendre ? A ce que les futures générations reviennent au niveau de vie des années 50 ou 60, quand la consommation mondiale d'énergie était quatre fois plus faible que maintenant ? Pas si grave dirons certains. Le niveau de vie à cette époque n’était en fait pas si mauvais. Malheureusement ce n'est pas possible, car un système complexe est irréversible. En d'autres termes, les générations futures ne peuvent pas revivre ce que leurs ancêtres ont connu.
Peuvent-ils alors espérer que la complexité de notre civilisation diminuera à un rythme suffisamment lent pour permettre aux populations de s'adapter au nouveau flux d'énergie ? Cela pourrait bien être le cas au début de la décroissance des flux d'énergie. Mais, passé un certain seuil de manque chronique de ces flux, nos sociétés se détérioreront si rapidement qu’aucun ajustement ne sera plus possible. La civilisation se dégradera de plus en plus rapidement jusqu’à son effondrement total. Pourquoi ?
Avant de répondre à ce sombre présage, nous devons ouvrir une parenthèse au sujet de l'influence des flux d'énergie sur la démographie mondiale.
La figure 8.1, (voir ci-dessous) montre que la nette augmentation de la population mondiale correspond au début de la croissance des flux de consommation d’énergie, ce qui pourrait suggérer une possibilité de cause à effet. Cependant, cette corrélation ne dit pas si le flux d'énergie consommée a augmenté parce que la population mondiale a soudainement commencé à croître, ou si c'est l’inverse. Dans ce dernier cas, cela voudrait dire que c'est l’augmentation de la consommation d'énergie utile qui serait la cause de la soudaine croissance de la population mondiale. Bien que ces deux possibilités ne s'excluent pas mutuellement, il est probable que cette dernière option soit à la base du processus de la croissance démographique.
En effet, les flux d'énergie exogène consommés par la population mondiale peuvent être considérés comme des aides à l'existence. Ces aides se font sous la forme de ce qu’on appelle parfois "les esclaves énergétiques". Le terme «esclave» signifie que ces aides nous offrent un soutien inconditionnel et permanent pour notre bien-être sans aucune revendication sociale. Ces «esclaves», nous libèrent des tâches difficiles, exigeantes, ingrates et parfois dangereuses. Ils permettent à leurs bénéficiaires de libérer beaucoup de temps pour s'engager dans d'autres activités, telles la pensée et la créativité, afin de développer une vie toujours plus facile pour eux et parfois pour les autres. C'est sans doute pourquoi toutes les sociétés humaines ont toujours fait l'effort de chercher de nouvelles sources d'énergie exogène. Les premières en date ont été celles du feu (principalement du bois), puis celles d’esclaves humains et d’animaux domestiques. Plus tard, l’énergie du vent a été utilisée dans les moulins ou comme moyen de propulsion des bateaux.
A partir d’environ 1850, l'humanité a commencé à exploiter de plus en plus massivement les combustibles fossiles. L'afflux croissant et rapide d'énergie exogène, qui a été absolument sans précédent dans l’histoire de l’humanité, a conduit à une augmentation proportionnelle des progrès techniques et sociaux (malheureusement pas toujours équitablement répartis). Toutefois, n’oublions pas que si des avancées techniques spectaculaires ont pu être réalisées, c’est parce que les "esclaves énergétiques" ont libéré certains humains de leurs dures tâches quotidiennes nécessaires à leur survie. Par conséquent, les progrès techniques ont suivi la même courbe ascendante que le taux annuel d'extraction des combustibles fossiles, en particulier celui du pétrole. Cette offre de flux énergétique exogène a permis d'améliorer notre alimentation, notre gestion de l'eau potable et des eaux usées, de rendre plus confortable et plus salubre nos habitats, de nous transporter rapidement d’un point à un autre sans grandes difficultés, etc., etc.. L’augmentation de nos connaissances en biologie, en médecine, en hygiène ainsi que dans les domaines de la chimie et de la physique ont conduit à une meilleure compréhension de la façon de lutter contre nos pires prédateurs (les bactéries et les virus) et de nous en protéger. (Lire à ce sujet , Thomas McKcown : « The Role of Medicine Dream, Mirage, or Nemesis ? 1976, The Nuffield Provincial Hospital Trust). Les progrès en technologie médicale ont permis de guérir des maladies autrefois incurables. Des progrès dans la production et la distribution alimentaire ont permis de réduire d’une manière significative les famines. Tout cela grâce aux «esclaves énergétiques»
C'est donc toutes ces avancées technologiques qui ont contribué à considérablement augmenter l'espérance de vie moyenne à la naissance de la population mondiale, ce qui a eu pour effet de l’augmenter.
En conséquence:
La population mondiale croît principalement parce-que les flux d'énergie exogène ont permis des progrès techniques qui, à leur tour, ont permis une augmentation de l'espérance de vie de la population mondiale.
D'autre part, parce que la population mondiale s’accroît grâce aux progrès techniques et parce que chaque individu consomme en moyenne de plus en plus d’énergie, le flux mondial d’énergie consommée croît encore plus vite que la population mondiale. Ceci est illustré dans la figure 8.1.
A quoi doit-on s’attendre ? A ce que les futures générations reviennent au niveau de vie des années 50 ou 60, quand la consommation mondiale d'énergie était quatre fois plus faible que maintenant ? Pas si grave dirons certains. Le niveau de vie à cette époque n’était en fait pas si mauvais. Malheureusement ce n'est pas possible, car un système complexe est irréversible. En d'autres termes, les générations futures ne peuvent pas revivre ce que leurs ancêtres ont connu.
Peuvent-ils alors espérer que la complexité de notre civilisation diminuera à un rythme suffisamment lent pour permettre aux populations de s'adapter au nouveau flux d'énergie ? Cela pourrait bien être le cas au début de la décroissance des flux d'énergie. Mais, passé un certain seuil de manque chronique de ces flux, nos sociétés se détérioreront si rapidement qu’aucun ajustement ne sera plus possible. La civilisation se dégradera de plus en plus rapidement jusqu’à son effondrement total. Pourquoi ?
Avant de répondre à ce sombre présage, nous devons ouvrir une parenthèse au sujet de l'influence des flux d'énergie sur la démographie mondiale.
La figure 8.1, (voir ci-dessous) montre que la nette augmentation de la population mondiale correspond au début de la croissance des flux de consommation d’énergie, ce qui pourrait suggérer une possibilité de cause à effet. Cependant, cette corrélation ne dit pas si le flux d'énergie consommée a augmenté parce que la population mondiale a soudainement commencé à croître, ou si c'est l’inverse. Dans ce dernier cas, cela voudrait dire que c'est l’augmentation de la consommation d'énergie utile qui serait la cause de la soudaine croissance de la population mondiale. Bien que ces deux possibilités ne s'excluent pas mutuellement, il est probable que cette dernière option soit à la base du processus de la croissance démographique.
En effet, les flux d'énergie exogène consommés par la population mondiale peuvent être considérés comme des aides à l'existence. Ces aides se font sous la forme de ce qu’on appelle parfois "les esclaves énergétiques". Le terme «esclave» signifie que ces aides nous offrent un soutien inconditionnel et permanent pour notre bien-être sans aucune revendication sociale. Ces «esclaves», nous libèrent des tâches difficiles, exigeantes, ingrates et parfois dangereuses. Ils permettent à leurs bénéficiaires de libérer beaucoup de temps pour s'engager dans d'autres activités, telles la pensée et la créativité, afin de développer une vie toujours plus facile pour eux et parfois pour les autres. C'est sans doute pourquoi toutes les sociétés humaines ont toujours fait l'effort de chercher de nouvelles sources d'énergie exogène. Les premières en date ont été celles du feu (principalement du bois), puis celles d’esclaves humains et d’animaux domestiques. Plus tard, l’énergie du vent a été utilisée dans les moulins ou comme moyen de propulsion des bateaux.
A partir d’environ 1850, l'humanité a commencé à exploiter de plus en plus massivement les combustibles fossiles. L'afflux croissant et rapide d'énergie exogène, qui a été absolument sans précédent dans l’histoire de l’humanité, a conduit à une augmentation proportionnelle des progrès techniques et sociaux (malheureusement pas toujours équitablement répartis). Toutefois, n’oublions pas que si des avancées techniques spectaculaires ont pu être réalisées, c’est parce que les "esclaves énergétiques" ont libéré certains humains de leurs dures tâches quotidiennes nécessaires à leur survie. Par conséquent, les progrès techniques ont suivi la même courbe ascendante que le taux annuel d'extraction des combustibles fossiles, en particulier celui du pétrole. Cette offre de flux énergétique exogène a permis d'améliorer notre alimentation, notre gestion de l'eau potable et des eaux usées, de rendre plus confortable et plus salubre nos habitats, de nous transporter rapidement d’un point à un autre sans grandes difficultés, etc., etc.. L’augmentation de nos connaissances en biologie, en médecine, en hygiène ainsi que dans les domaines de la chimie et de la physique ont conduit à une meilleure compréhension de la façon de lutter contre nos pires prédateurs (les bactéries et les virus) et de nous en protéger. (Lire à ce sujet , Thomas McKcown : « The Role of Medicine Dream, Mirage, or Nemesis ? 1976, The Nuffield Provincial Hospital Trust). Les progrès en technologie médicale ont permis de guérir des maladies autrefois incurables. Des progrès dans la production et la distribution alimentaire ont permis de réduire d’une manière significative les famines. Tout cela grâce aux «esclaves énergétiques»
C'est donc toutes ces avancées technologiques qui ont contribué à considérablement augmenter l'espérance de vie moyenne à la naissance de la population mondiale, ce qui a eu pour effet de l’augmenter.
En conséquence:
La population mondiale croît principalement parce-que les flux d'énergie exogène ont permis des progrès techniques qui, à leur tour, ont permis une augmentation de l'espérance de vie de la population mondiale.
D'autre part, parce que la population mondiale s’accroît grâce aux progrès techniques et parce que chaque individu consomme en moyenne de plus en plus d’énergie, le flux mondial d’énergie consommée croît encore plus vite que la population mondiale. Ceci est illustré dans la figure 8.1.
Dans la partie la plus raide de l'augmentation de la population mondiale, entre 1950 et 2000, le flux d’énergie consommée a été multiplié par un facteur voisin de 6, alors que la population mondiale a été multipliée par un facteur d'environ 2,4. Le fait que ces deux taux de croissance diffèrent d'un facteur supérieur à deux, pourrait s’expliquer en partie par le fait qu’une fraction du flux de l'énergie mondiale est utilisée pour développer , exploiter et entretenir l'ensemble des structures, des liens et des actions (voir 1er Exposé) qui composent le système complexe de nos sociétés mondialisées .
En effet, les progrès techniques génèrent une multitude de structures ainsi que de liens, des actions et des réactions . Parmi ces structures, nous pouvons nommer celles concernant la santé, l’éducation, la production industrielle, le commerce mondial, l'agriculture, la transformation et la distribution de la nourriture, les transports, les télécommunications, la recherche, l'exploitation des ressources naturelles, etc., etc.. Au cours de leurs évolutions, ces structures se sont de plus en plus étroitement liées les unes aux autres, formant un amalgame irréversible formant le garant de la solidité du système.
Tout naturellement la pensée de l'Homme civilisé cherche à perpétuer et même à améliorer le présent sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir sur l’avenir. Imbu de son génie, l'homme moderne ne peut pas et ne veut pas imaginer que cette progression puisse rencontrer un jour une limite. Son perpétuel besoin de progresser, insufflé par son insatisfaction permanente, renforce à la fois son ego, sa créativité, son sens de la compétition, son enthousiasme, son ambition, etc.. Le toujours mieux devient son idéal de vie. Cette recherche constante de progrès techniques n'a pas de raison d’être stoppée volontairement car elle fait maintenant partie de notre façon de penser et d'agir. Avec le temps, cette façon d’agir s’est ancrée si profondément dans notre mental qu’elle est devenue le paradigme apparemment indestructible de notre civilisation. Mais, comme nous l'avons maintes fois répété, cette volonté de progresser augmente la complexité de nos sociétés mondialisées qui, à son tour, réclame toujours plus de flux d'énergie exogène. Si rien n'arrête cette croissance, ce flux d'énergie tendra vers l'infini, ce qui est bien sûr une impossibilité physique dans un système fini comme notre Terre. Alors, que va-t-il arriver?
Lire la suite 8-1
En effet, les progrès techniques génèrent une multitude de structures ainsi que de liens, des actions et des réactions . Parmi ces structures, nous pouvons nommer celles concernant la santé, l’éducation, la production industrielle, le commerce mondial, l'agriculture, la transformation et la distribution de la nourriture, les transports, les télécommunications, la recherche, l'exploitation des ressources naturelles, etc., etc.. Au cours de leurs évolutions, ces structures se sont de plus en plus étroitement liées les unes aux autres, formant un amalgame irréversible formant le garant de la solidité du système.
Tout naturellement la pensée de l'Homme civilisé cherche à perpétuer et même à améliorer le présent sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir sur l’avenir. Imbu de son génie, l'homme moderne ne peut pas et ne veut pas imaginer que cette progression puisse rencontrer un jour une limite. Son perpétuel besoin de progresser, insufflé par son insatisfaction permanente, renforce à la fois son ego, sa créativité, son sens de la compétition, son enthousiasme, son ambition, etc.. Le toujours mieux devient son idéal de vie. Cette recherche constante de progrès techniques n'a pas de raison d’être stoppée volontairement car elle fait maintenant partie de notre façon de penser et d'agir. Avec le temps, cette façon d’agir s’est ancrée si profondément dans notre mental qu’elle est devenue le paradigme apparemment indestructible de notre civilisation. Mais, comme nous l'avons maintes fois répété, cette volonté de progresser augmente la complexité de nos sociétés mondialisées qui, à son tour, réclame toujours plus de flux d'énergie exogène. Si rien n'arrête cette croissance, ce flux d'énergie tendra vers l'infini, ce qui est bien sûr une impossibilité physique dans un système fini comme notre Terre. Alors, que va-t-il arriver?
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