9-1
Afin de garder un semblant de contrôle de la situation, l’État devra être de plus en plus répressif.
Les libertés individuelles se rétréciront comme peau de chagrin. Ce ne sera toutefois pas là une solution car les gouvernements devront ployer sous les dépenses engagées pour contenir leur peuple en colère. L’augmentation des effectifs de police, des troupes spéciales anti-émeute, la multiplication des lieux de détention coûteront très cher. Peut-être même devront-t-ils mobiliser des troupes à leurs frontières pour se protéger d’agressions extérieures ou d'immigration massive et sauvage venant de régions encore plus défavorisées. L'argent dépensé pour maintenir ce semblant d'ordre se fera bien sûr au détriment du bien-être social, accélérant encore la destruction de structures privées et publiques. Certains organismes privés, certains professionnels chercheront à se délocaliser, aggravant encore un peu plus la situation. Plus les années passeront, plus l'État deviendra exsangue financièrement, l'obligeant à limiter encore davantage ses dépenses pour l'aide au commerce, à l'industrie, à l’agriculture, à l’éducation, à la santé, à la prévention des épidémies et de famines, à l'aide au logement et de la famille. La différence de qualité de vie entre une minorité de privilégiés et une énorme foule de gens de plus en plus affamée, maltraitée, humiliée et désespérée, perdant toute confiance envers leur gouvernement, atteindra son paroxysme et entrainera peut-être de graves révolutions.
Bien qu'il soit difficile de donner un scénario exact de ce qui pourrait arriver, on peut imaginer qu’à ce stade, nous avons deux sortes de possibilités :
Première possibilité: Des chefs de guerre de tout bord tenteront de prendre le pouvoir. Les révolutions qu'ils défendront ne résoudront rien. Elles seront suivies par d'autres révolutions toutes aussi désastreuses. Une multitude de seigneurs de guerre et de terroristes de toutes sortes se battront les uns contre les autres avec, comme conséquence, la destruction presque totale des structures de notre civilisation. On assistera vraisemblablement à un exode massif des populations, ainsi que des biens et des services. Tous essayeront de converger vers les régions apparaissant en mesure de leur offrir une meilleure chance de survie. Ce faisant, ils abandonneront leur région d'origine encore un peu plus au chaos, tout en affaiblissant les régions où ils auront choisi d’immigrer.
Les structures fournissant l'énergie, les matières premières minérales, les matériaux utiles, la nourriture et l'eau potable seront sérieusement endommagés. Cela pourrait conduire à la résurgence de maladies infectieuses telles que la tuberculose, le choléra, la poliomyélite, l'hépatite virale, la peste, la lèpre, la fièvre jaune et bien d'autres encore. Les maladies sur lesquelles se concentrent aujourd'hui la recherche médicale, comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies neurologiques, telles Alzheimer, ne représenteront plus un problème majeur car ces maladies dégénératives touchent essentiellement les populations âgées qui, à ce moment, se feront de plus en plus rares.
Souvenons-nous que nos systèmes complexes ne fonctionnent bien que si, comme il a été dit ici à plusieurs reprises, ils reçoivent les flux adéquats d’énergie et des matières premières. Mais ce n'est pas tout. Il faut encore que tout le monde soit présent à son poste de travail et avoir les qualifications requises pour faire son travail correctement. L'agitation sociale, l'augmentation de l'absentéisme dû aux maladies et au manque de soins, la désintégration du système de formation professionnelle et de toute l'infrastructure éducative, conduira à une situation dans laquelle de moins en moins d’individus hautement qualifiés seront présents sur leur lieu de travail. Les conséquences économiques seront désastreuses, mais les conséquences écologiques le seront encore plus. En effet, imaginons ce qu’il pourrait arriver, par exemple, aux centrales nucléaires en l'absence d’un personnel suffisant et qualifié pour garantir un certain niveau de sécurité. La même chose vaut pour la sécurité aérienne, la sécurité alimentaire et de la qualité de l’eau potable, la sécurité du stockage des marchandises dangereuses, l'élimination et le recyclage des déchets de toutes sortes, etc. Des catastrophes du genre de Seveso, Bhopal, Tchernobyl ou Fukushima sont susceptibles de devenir nettement plus fréquentes. Il faut aussi s'attendre à d’autres désastres dus à d’importantes coupures de courants électriques provenant de déséquilibres dans les réseaux électriques. Ces black-out sont susceptibles de devenir de plus en plus fréquents, de plus longues durées et concerner des régions de plus en plus étendues. Ils entraîneront à leur tour d’autres désastres.
Parce que dans un système complexe tout est lié, le délitement d'une structure entraîne nécessairement le délitement d’une autre et ainsi de suite accélérant ainsi le mouvement de destruction généralisée. A ce stade, il ne sera plus possible d'inverser la tendance. Il sera même trop tard pour l'arrêter. Tout va inexorablement évoluer vers la destruction complète du système.
Deuxième possibilité. Certaines puissances économiques et industrielles, non encore dans la tourmente, peuvent craindre des immigrations massives de populations en détresse et une destruction indirecte de leur système économique. Pour s’en protéger, ils pourraient procéder à une invasion «préventive» des zones en détresse et les coloniser à leur propre avantage. Toutefois, en raison d'un flux global d’énergie de plus en plus faible, il ne sera plus possible, comme aujourd'hui, de reconstruire les pays envahis puis de les transformer en un fidèle partenaire commercial. L’envahisseur ne pourra agir que comme un colonisateur et traiter les populations soumises que comme des esclaves. Il utilisera ce qui reste de la richesse de ces pays à son profit exclusif.
Ce genre de situation risque de durer aussi longtemps que l’envahisseur reste fort sur tous les fronts. Au moindre signe de faiblesse, les populations soumises se révolteront en détruisant tout, jusqu'à ce qu’une autre puissance intervienne pour mettre tout le monde sous son autorité. Ainsi, étape par étape, le chaos va s'étendre à différentes parties du monde civilisé. Le commerce mondial, sur lequel est basé la prospérité de notre civilisation industrielle ne sera plus possible dans ce monde chaotique. Il y a un risque que les dernières grandes puissances encore préservées, cherchent à imposer leur suprématie pour dominer le globe entraînant le monde entier dans une guerre apocalyptique qui mettrait un point final à cette civilisation et peut-être même à l’humanité.
Bien que ces deux scénarios ne soient pas certains, ils sont loin d'être impossibles, surtout si rien n'est fait pour les prévenir. Quoi qu'il en soit, ce qui pourrait arriver dans l'avenir n'est pas quelque chose que nous pouvons prouver ou réfuter. Le seul fait que ce qui a été décrit ici soit du domaine du possible, nous oblige à évaluer cette probabilité et appliquer le principe de précaution. L’enjeu est trop élevé pour ne rien entreprendre.
Les arguments pour ne pas croire à une telle catastrophe sont souvent le reflet de nos peurs et de nos lâchetés devant des dangers qui nous dépassent. Nous préférons les nier plutôt que d'y faire face. Et puis, il y a notre foi inébranlable dans les miracles, que ce soit ceux que Dieu pourrait nous gratifier dans sa grande miséricorde ou, plus communément de nos jours, grâce au génie humain qui, s’il est capable d’être à l’origine de catastrophe saurait aussi comment les réparer. L'argument suivant est fréquemment avancé: «L'histoire nous a montré que nous ne pouvons pas prévoir longtemps à l'avance ce que le génie humain peut encore nous réserver pour nous sauver. Ainsi, faisons lui confiance et arrêtons de faire des prédictions non constructives qui minent le moral de tout le monde."
D'où la question: Et si le génie humain était en effet capable de garantir en permanence le flux d'énergie suffisant pour que notre civilisation puisse continuer à se développer; serait- elle sauvée pour autant?
C'est ce que nous allons aborder dans le 10ème exposé.
Bien qu'il soit difficile de donner un scénario exact de ce qui pourrait arriver, on peut imaginer qu’à ce stade, nous avons deux sortes de possibilités :
Première possibilité: Des chefs de guerre de tout bord tenteront de prendre le pouvoir. Les révolutions qu'ils défendront ne résoudront rien. Elles seront suivies par d'autres révolutions toutes aussi désastreuses. Une multitude de seigneurs de guerre et de terroristes de toutes sortes se battront les uns contre les autres avec, comme conséquence, la destruction presque totale des structures de notre civilisation. On assistera vraisemblablement à un exode massif des populations, ainsi que des biens et des services. Tous essayeront de converger vers les régions apparaissant en mesure de leur offrir une meilleure chance de survie. Ce faisant, ils abandonneront leur région d'origine encore un peu plus au chaos, tout en affaiblissant les régions où ils auront choisi d’immigrer.
Les structures fournissant l'énergie, les matières premières minérales, les matériaux utiles, la nourriture et l'eau potable seront sérieusement endommagés. Cela pourrait conduire à la résurgence de maladies infectieuses telles que la tuberculose, le choléra, la poliomyélite, l'hépatite virale, la peste, la lèpre, la fièvre jaune et bien d'autres encore. Les maladies sur lesquelles se concentrent aujourd'hui la recherche médicale, comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies neurologiques, telles Alzheimer, ne représenteront plus un problème majeur car ces maladies dégénératives touchent essentiellement les populations âgées qui, à ce moment, se feront de plus en plus rares.
Souvenons-nous que nos systèmes complexes ne fonctionnent bien que si, comme il a été dit ici à plusieurs reprises, ils reçoivent les flux adéquats d’énergie et des matières premières. Mais ce n'est pas tout. Il faut encore que tout le monde soit présent à son poste de travail et avoir les qualifications requises pour faire son travail correctement. L'agitation sociale, l'augmentation de l'absentéisme dû aux maladies et au manque de soins, la désintégration du système de formation professionnelle et de toute l'infrastructure éducative, conduira à une situation dans laquelle de moins en moins d’individus hautement qualifiés seront présents sur leur lieu de travail. Les conséquences économiques seront désastreuses, mais les conséquences écologiques le seront encore plus. En effet, imaginons ce qu’il pourrait arriver, par exemple, aux centrales nucléaires en l'absence d’un personnel suffisant et qualifié pour garantir un certain niveau de sécurité. La même chose vaut pour la sécurité aérienne, la sécurité alimentaire et de la qualité de l’eau potable, la sécurité du stockage des marchandises dangereuses, l'élimination et le recyclage des déchets de toutes sortes, etc. Des catastrophes du genre de Seveso, Bhopal, Tchernobyl ou Fukushima sont susceptibles de devenir nettement plus fréquentes. Il faut aussi s'attendre à d’autres désastres dus à d’importantes coupures de courants électriques provenant de déséquilibres dans les réseaux électriques. Ces black-out sont susceptibles de devenir de plus en plus fréquents, de plus longues durées et concerner des régions de plus en plus étendues. Ils entraîneront à leur tour d’autres désastres.
Parce que dans un système complexe tout est lié, le délitement d'une structure entraîne nécessairement le délitement d’une autre et ainsi de suite accélérant ainsi le mouvement de destruction généralisée. A ce stade, il ne sera plus possible d'inverser la tendance. Il sera même trop tard pour l'arrêter. Tout va inexorablement évoluer vers la destruction complète du système.
Deuxième possibilité. Certaines puissances économiques et industrielles, non encore dans la tourmente, peuvent craindre des immigrations massives de populations en détresse et une destruction indirecte de leur système économique. Pour s’en protéger, ils pourraient procéder à une invasion «préventive» des zones en détresse et les coloniser à leur propre avantage. Toutefois, en raison d'un flux global d’énergie de plus en plus faible, il ne sera plus possible, comme aujourd'hui, de reconstruire les pays envahis puis de les transformer en un fidèle partenaire commercial. L’envahisseur ne pourra agir que comme un colonisateur et traiter les populations soumises que comme des esclaves. Il utilisera ce qui reste de la richesse de ces pays à son profit exclusif.
Ce genre de situation risque de durer aussi longtemps que l’envahisseur reste fort sur tous les fronts. Au moindre signe de faiblesse, les populations soumises se révolteront en détruisant tout, jusqu'à ce qu’une autre puissance intervienne pour mettre tout le monde sous son autorité. Ainsi, étape par étape, le chaos va s'étendre à différentes parties du monde civilisé. Le commerce mondial, sur lequel est basé la prospérité de notre civilisation industrielle ne sera plus possible dans ce monde chaotique. Il y a un risque que les dernières grandes puissances encore préservées, cherchent à imposer leur suprématie pour dominer le globe entraînant le monde entier dans une guerre apocalyptique qui mettrait un point final à cette civilisation et peut-être même à l’humanité.
Bien que ces deux scénarios ne soient pas certains, ils sont loin d'être impossibles, surtout si rien n'est fait pour les prévenir. Quoi qu'il en soit, ce qui pourrait arriver dans l'avenir n'est pas quelque chose que nous pouvons prouver ou réfuter. Le seul fait que ce qui a été décrit ici soit du domaine du possible, nous oblige à évaluer cette probabilité et appliquer le principe de précaution. L’enjeu est trop élevé pour ne rien entreprendre.
Les arguments pour ne pas croire à une telle catastrophe sont souvent le reflet de nos peurs et de nos lâchetés devant des dangers qui nous dépassent. Nous préférons les nier plutôt que d'y faire face. Et puis, il y a notre foi inébranlable dans les miracles, que ce soit ceux que Dieu pourrait nous gratifier dans sa grande miséricorde ou, plus communément de nos jours, grâce au génie humain qui, s’il est capable d’être à l’origine de catastrophe saurait aussi comment les réparer. L'argument suivant est fréquemment avancé: «L'histoire nous a montré que nous ne pouvons pas prévoir longtemps à l'avance ce que le génie humain peut encore nous réserver pour nous sauver. Ainsi, faisons lui confiance et arrêtons de faire des prédictions non constructives qui minent le moral de tout le monde."
D'où la question: Et si le génie humain était en effet capable de garantir en permanence le flux d'énergie suffisant pour que notre civilisation puisse continuer à se développer; serait- elle sauvée pour autant?
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